JE M’EXCUSE 1ére partie

JE M’EXCUSE 1ére partie

      Je suis français et blanc. J’ai 62 ans. Je suis  retraité. J’ai été  élevé par mes deux parents dans une culture et religion catholique un peu pratiquante. Mon père à ma naissance était gendarme.  Il se trouvait en « opération »  en Algérie. J’ai péniblement fréquenté l’école jusqu’au brevet, puis jusqu’à un B.E.P professionnel pour finalement faire une carrière de gendarme. Je suis hétéro sexuel, marié à une femme française blanche et catholique, depuis une quarantaine d’années. Parents de trois enfants ayant un bagage  post bac allant du Deug en passant par la licence jusqu’au master. Ils ont été éduqués dans une culture catholique non pratiquante, pas vraiment croyante et sont en partie la France et l’Europe  de demain.

      Je suis donc le stéréotype du sale type targué des qualificatifs discriminatoires : D’homme ; d’homme blanc ; de colonialiste ; de raciste ; d’homophobe ; de violent ; de droite etc. …  Comme pourrait le dire certains artistes modestes, se présentant comme les porte-paroles d’une humanité affranchie de défauts : « Je suis un danger pour la planète». Pourquoi les gens qui « luttent » contre les étiquettes discriminatoires, en attribuent-ils aux autres selon leurs propres critères ? C’est un mystère.

     Malgré mes excuses introductives, je n’ai aucune honte et suis même fier  de l’ensemble de mon parcours. Mes parents étaient aimants et ne nous ont jamais causé de tort à mon frère et à moi. Très tôt, je me suis heurté à une éducation nationale à l’esprit globalement étroit,  voire borné pour certains. Je me souviens cependant de quelques professeurs,   exceptionnels, qui vous donnaient réellement envie d’apprendre. J’ai émergé dans la vie active avec un diplôme professionnel d’électromécanicien.  A l’époque dans notre France,  dans ma ville, dans mon école,  il y avait des étrangers, ou « d’origines »,  Portugais, Espagnols, Italiens,  Polonais avec qui nous usions nos fonds de culottes sur les bancs. Nous parlions la même langue et avions sensiblement les mêmes pôles d’intérêt. Nous n’avions pas même remarqué que nous étions d’origines diverses. Il y avait également un noir dans ma classe. Sa couleur n’était pas un critère différentiel. C’était un gars comme nous. Nous ne nous projetions pas alors dans un futur qui parlerait de discriminations, de différences de chances et de suprématismes blancs.

     J’ai attaqué la vie professionnelle en fin des années 70.  Très vite j’ai subodoré les arnaques patronales et gouvernementales. On imaginait, déjà, des plans pour faire travailler des jeunes qualifiés ou non, au profit de patrons, sans qu’ils n’aient à payer mais en laissant la charge salariale aux contribuables. C’était la crise, et cette idée avait pour but, louable, de relancer l’économie. Depuis j’ai toujours connu  « LA CRISE ». Elles  se sont succédées au rytme des gouvernements de droites, de gauches et mixtes qui ont alterné. En 50 ans de traitement, inefficace, la « Crise » a perduré. Les contribuables ont continué à  payer des solutions couteuses et inadaptées. Aujourd’hui, c’est la méga crise. « LA COVID 19 » s’est invitée.  Heureusement, on n’a pas vu passer les dix-huit précédentes. Je n’ose évoquer le coût de la facture finale qui  ne nous sera pas présentée, mais qui sera à régler par quelqu’un, on ne sait pas par qui ni quand ?…  Mon travail était plaisant, mais la « société » semblait se liguer pour gérer ma vie et m’empêcher de maintenir la tête hors de l’eau. La politique avec  ses gouvernants  et ses opposants, les uns claironnant  de lumineuses  idées, les autres hurlants qu’ils étaient contre ceux qui était pour et pour ceux qui était contre,  sans approfondir les  sujets ni proposer de solution.  Les syndicats, hostiles à toutes réformes, d’un immobilisme déconcertant sur le futur étaient très actifs, non pour défendre le camarade ouvrier, mais pour  semer le trouble et la confusion. N’oublions  pas que  je me situais en bas de la chaîne alimentaire. Chaque décision prise par les gouvernants, les patrons ou les syndicats, j’en payais les frais et intérêts directement. Ce n’est pas dur d’être un géni et de commander quand c’est  un autre qui paye l’addition. J’ai jeté l’éponge. Cette vie d’usine, de crainte du chômage, de l’arbitraire des chefs, pour un salaire de misère, n’était pas pour moi. « J’aurais voulu être un artiste », mais je n’avais aucun talent particulier. Je me rends à l’évidence, je suis moyen en tout exceptionnel en rien mais ambitieux.

     Je change mes plans de carrière pour entrer dans un « sanctuaire  de valeurs ». Défendre la veuve et l’orphelin me semblait une noble et bonne idée. Le travail  en entreprise étant une valeur surfaite, juste bonne à engraisser certains parvenus, je l’abandonne. Quelle désillusion. Je suis entré dans un monde où j’étais cerné par des gens de bonne volonté, mais encadrés par des arrivistes. Encore une fois la réalité ne rejoint pas l’idéologie. La veuve et l’orphelin n’ont qu’à aller se rhabiller. L’objectif est de satisfaire la gloire de seigneurs égocentriques,  nombrilistes et narcissiques, dont la seule ambition est d’atteindre les étoiles  sans entacher leur immaculée virginité . D’où les sacro-saintes devises « pas de vague », traduit par la formule « pas de couille pas d’embrouille », ou « vous nagez bien chef !». Nous valsons en plein bal des hypocrites. Le crédo du chefaillon est d’écraser le plus faible et de s’en servir de faire valoir. L’autre caractéristique est la pratique du jeu, pipé,  de la carotte et du bâton. La règle est de faire avancer le candidat à coups de sanctions, s’il se montre récalcitrant, où en le motivant avec une belle illusion.  L’objectif est de le faire avancer jusqu’au bout du supportable, puis de lui insérer  la carotte dans un endroit bien précis mais inavouable de son anatomie. Il s’agit d’un jeu de dupe, de grand menteur ou de stratège.  La finalité est de diriger par la terreur, de faire perdre confiance aux petits joueurs en les maintenant dans une zone de crainte perpétuelle d’où il ne se rebellera pas.  J’ai compris là le titre de Stephen KING : « Marches ou crèves ». La veuve et l’orphelin sont enterrés sous le règne de la statistique gérée et déchiffrée par des ignares ; par l’oublie du cœur de métier et par une armée de Dieux, plus puissants et intelligents que Dieu lui-même. J’ai croisé des tas de manageurs, de responsables en ressources humaines, de gestionnaires,  de statisticiens  qui n’avaient d’autre formation qu’un vague stage militaire les ayants transformés en oracle du genre, mais conservant néanmoins les deux pieds ancrés dans un  militarisme désuet  du siècle passé.  Attention ! Parmi ces seigneurs certains valeureux essaient de faire honnêtement leur métier. Ils sont considérés comme des utopistes, doux rêveurs, par leurs pairs. Ils sont malheureusement broyés, noyés et dissimulés par une légion d’idiots incompétents qui  s’auto-protègent afin d’éviter la mise en évidence de leur insuffisance professionnelle et relationnelle. Je veux quand même souligner que j’ai croisé des tas de gens formidables, des camarades, des officiers, des intervenants extérieurs. (Médecins, magistrats, journalistes, particuliers). J’ai eu de nombreuses mauvaises surprises provenant essentiellement de ma hiérarchie. J’ai également eu de nombreuses satisfactions de la part de victimes.  J’ai exercé un beau métier mais le danger guettait partout. Les plus vicieux émanaient de l’intérieur même  de l’institution. J’intitulerai ce passage de ma vie : «  La trahison des chefs ».  Je rejoins donc les affres de mon chapitre premier mais il fallait bien vivre et élever mes enfants. Donc, Cahin-caha, j’ai fait mon petit bonhomme de chemin,  entre gloire et harcèlement pour finalement retrouver une liberté chèrement acquise après trente-cinq ans de bons et loyaux services.

     Durant cette vie la communication a évolué, notamment l’informatique. Internet est apparu et les chaînes de télévision et de radios se sont multipliées. Ce sont de merveilleuses inventions, de très beaux outils. Ils sont néanmoins dévoyés et gangrenés par la fourberie et la bêtise humaine. Pour certain ils provoquent jusqu’à l’abrutissement totale des facultés intellectuelles.  Je pense que médicalement on pourrait parler de « lobotisation par le net ». Nous sommes  passés de la lettre anonyme classique, à la calomnie et menaces dans le cyberespace.  Pendant la guerre de 39/45, des « corbeaux » submergeaient les autorités de lettres anonymes provoquant la déportation et l’extermination de millions de personnes. Durant ma vie professionnelle des centaines de courriers de ce type me sont parvenus, dénonçant des voisins pour des délits réels ou  imaginaires, parfois de la médisance pure. L’avènement d’internet a permis à un plus grand nombre de dénoncer, d’insulter, de diffamer et de calomnier. Comme le disait « Michel AUDIARD » : « Ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule ». Cette maxime est aujourd’hui l’étendard d’une kyrielle de bons penseurs. Pas besoins d’être prix Nobel pour parler et surtout être entendu. Un simple ordinateur et une connexion Internet suffit.  Une armada de célèbres inconnus  a aujourd’hui tribune libre pour déblatérer. Chaque opinion est disséquée,  livrée, étalée comme de la confiture, étirée comme de la guimauve. Tout un  chacun s’octroyant le droit d’apporter un jugement de valeur sur tout et tous. Je n’avais jamais remarqué le nombre impressionnant  de médecins télégéniques spécialistes du CORONAVIRUS, mais aussi de tout les  autres. Des personnalités politiques de droite, de gauche, du centre, d’en haut, d’en bas, d’extrêmes, d’anonymes célèbres spécialistes à gueules ouvertes, qui critiquent, affirmant tout et son contraire dans la même phrase, uniquement pour se démarquer et se montrer intéressant. Je crois que l’on dit faire le « buzz ». Seraient-ils  tous devenus politiciens pour exposer tant de stupidités à la minute.

     Tous les jours je découvre des nouveautés plus absurdes les unes que les autres, ouvrants droits à des polémiques stupides voir outrageantes. L’une d’elle c’est d’avoir qualifier une chanteuse, amuseur public, de racisme. Annie CORDY, raciste ? Elle a osé chanter « CHO CHO KO LA ». Passez-moi l’expression, mais l’andouille qui a soulevé cette polémique n’a même pas écouté les paroles. Je les ai lues. Pas un mot n’est équivoque. Bien entendu ce n’est ni de la poésie, ni de la littérature, mais uniquement un moment de bonheur ou l’on s’amuse sans porter préjudice à qui que ce soit. Quelques-uns se sont raccrochés aux branches, surtout ceux qui ont  l’esprit mal tourné, en parlant des chorégraphies. Je pense qu’il faut stopper à un moment pour ne pas franchir la frontière entre stupidité et connerie.

    Cet état d’esprit a engendré  chez nous, en France et dans le monde occidental, en plein 21éme siècle, un retour vers le futur. On célèbre la culture en voulant brûler des livres. On pleure la fermeture des théâtres, cinémas  et  salles de spectacles, (merci la COVID)  mais nous n’avons  plus la liberté de rire de tout ou de caricaturer les choses. Dans toutes les farces, il y a une « dinde » ça peut choquer certaines âmes sensibles mais c’est la base du burlesque. Egratigner n’est pas blesser. Soyons prudent, pour ne pas faire mal en outrepassant les limites du respect. Il ne s’agit que d’intelligence et de civisme.  « On est tous Charlie » est devenu « Il faut tuer Charlie ». Personnellement, je ne suis pas fan de ce journal, donc je ne l’achète pas et ne le lis pas. Il m’est indifférent  mais il a la liberté de publier ce qu’il souhaite. Il a pu choquer ou vexer, mais jamais ses publications ne  justifiront la violence et les morts qu’elles ont engendrées. Ce journal tient des propos et propose des caricatures satyriques dont il est responsable. S’il est démontré qu’il harcèle, diffame, insulte ou humilie des gens, il doit en rendre compte à la justice. La censure est revenue en force. Elle est plus insidieuse, pire qu’au 19éme siècle. Le plus choquant, c’est qu’elle n’est pas dictée par un gouvernement totalitaire. Elle fait  loi sous la pression de quelques énervés du net qui menacent, crient au scandale et parlent plus fort devant une minorité silencieuse. Walt Disney pleure et s’auto-flagelle ne distribuant plus la belle et le clochard car « raciste ».  Arrêtons d’être idiot en apportant des jugements de valeur sur des faits anodins d’une autre époque. Mes enfants et moi-même avons regardé les dessins animés de Walt Disney. Ils étaient agréables, musicaux et très beaux. D’aucune manière je n’y ai discerné de racisme, même caché. Il y a seulement des intelligents plus qu’intelligent, peut-être des philosophes inconnus cherchant une parcelle de lumière ou de notoriété ou encore des antis trucs, qui ont débusqué « un lapin ». (Walt Disney oblige).  Après ce terne coup d’éclat, de nombreux chiens (Rox) se sont mis à traquer « Rouky » sans savoir ce qu’ils cherchaient mais parce que ça fait aristo-(chats) de supporter  une meute de grands idéologistes.  Restons lucide, aboyeurs, vous ne serez jamais des princesses ou des marquis. Arrêtons de vouloir corriger l’histoire à coup de « on n’est pas gentil, on n’aurai pas dû, on demande pardon ». C’est pourtant simple. Si ça te plait tu regardes. Si ça ne te correspond pas tu vas voir ailleurs. En tous cas n’agites pas de polémiques qui te dépassent sur ton blog, ton  Facebook, ton twitter ou par média interposé qui crie au scoop.  Remarque ! C’est exactement ce que je fais avec cet essai. Je m’accorde le droit de hurler avec les loups. Tu peux réagir sur ce qui se passe aujourd’hui pour la construction de demain mais apprends d’hier. Ne t’inquiète pas. Tout le monde  se fout de ce que tu penses, si tu ne créés pas de scandales.

     C’est ce qui se passe  aujourd’hui avec la jeune poétesse Afro-Américaine Amanda GORMAN. Elle est reconnue dans le monde entier grâce à son talent. Cependant une polémique a vu le jour car en Hollande une maison d’édition a confié  la traduction de ses textes à Marieke LUCAS RIJNEVELD, elle-même écrivaine poétesse mais ayant la singularité d’être blanche. Oh scandale ! Le doublage vocal d’artistes Afro-Américains par des blancs fait également s’enflammer le « Web ». En fait si l’on pousse jusqu’au bout ce raisonnement par l’absurde un gros doit être doublé par un gros, une personne grande blonde aux yeux bleus doit également être doublée par ce même type de personne. Là ça me rappelle vaguement quelque chose… Internet peut faire le bien ou le mal en fonction de la personne qui relaie l’information ou qui l’utilise. Que dire des médias officiels qui ne font plus que de l’information spectacle. Ils n’apportent plus les éléments nécessaires à la compréhension objective de l’évènement. Le but inavoué est de choquer et  de provoquer des « vues » sur des articles qui ne sont  que coquilles vides, présentés par titres racoleurs. Comment se faire une opinion réelle, sans craindre d’être manipulé et conserver une confiance minimum. La défiance générale ou les théories du complot sont vraisemblablement portées par ces phénomènes de mésinformation.

Je m’excuse (1ére partie)

      Je suis français et blanc. J’ai 62 ans. Je suis  retraité. J’ai été  élevé par mes deux parents dans une culture et religion catholique peu pratiquante. Mon père à ma naissance était gendarme.  Il se trouvait en « opération »  en Algérie. J’ai péniblement fréquenté l’école jusqu’au brevet, puis jusqu’à un B.E.P professionnel pour finalement faire une carrière de gendarme. Je suis hétéro sexuel, marié à une femme française blanche et catholique, depuis une quarantaine d’années. Parents de trois enfants ayant un bagage  post bac allant du Deug en passant par la licence jusqu’au master. Ils ont été éduqués dans une culture catholique non pratiquante, pas trop croyante et sont en partie la France et l’Europe  de demain.

      Je suis donc le stéréotype du sale type targué des qualificatifs discriminatoires : D’homme ; d’homme blanc ; de colonialiste ; de raciste ; d’homophobe ; de violent ; de droite etc. …  Comme pourrait le dire certains artistes modestes, se présentant comme les porte-paroles d’une humanité affranchie de défauts : « Je suis un danger pour l’humanité ». Pourquoi les gens qui « luttent » contre les étiquettes discriminatoires, en attribuent-ils aux autres selon leurs propres critères ? C’est un mystère.

     Malgré mes excuses introductives, je n’ai aucune honte et suis même fier  de l’ensemble de mon parcours. Mes parents étaient aimants et ne nous ont jamais causé de tort à mon frère et à moi. Très tôt, je me suis heurté à une éducation nationale ayant globalement l’esprit étroit,  voire bornée pour certains. Je me souviens cependant de quelques professeurs,   exceptionnels, qui vous donnaient réellement envie d’apprendre. J’ai émergé dans la vie active avec un diplôme professionnel d’électromécanicien.  A l’époque dans notre France,  dans ma ville, dans mon école,  il y avait des étrangers, ou « d’origines »,  Portugais, Espagnols, Italiens,  Polonais avec qui nous usions nos fonds de culottes sur les bancs. Nous parlions la même langue et avions sensiblement les mêmes pôles d’intérêt. Nous n’avions pas même remarqué que nous étions d’origines diverses. Il y avait également un noir dans ma classe. Sa couleur n’était pas un critère différentiel. C’était un gars comme nous. Nous ne nous projetions pas alors dans un futur qui parlerait de discriminations, de différences de chances et de suprématismes blancs.

     J’ai attaqué la vie professionnelle à la fin des années 70.  Très vite j’ai subodoré les arnaques patronales et gouvernementales. On imaginait, déjà, des plans pour faire travailler des jeunes qualifiés ou non, au profit de patrons, sans que ceux-ci n’aient à payer tout en laissant la charge salariale aux contribuables. C’était la crise, et cette idée avait pour but, louable, de relancer l’économie. Depuis j’ai toujours connu  « LA CRISE ». Elles  se sont succédées au gré des gouvernements de droites, de gauches et mixtes qui ont alterné. En 50 ans le remède, inefficace, a toujours été le même. Les contribuables ont continué à  payer des traitements couteux et inadaptés. Aujourd’hui, c’est la méga crise. « LA COVID 19 » s’est invitée.  Heureusement, on n’a pas vu passer les dix-huit précédentes. Je n’ose évoquer le coût de la facture finale qui  ne nous sera pas présentée, mais qui sera à régler par quelqu’un, on ne sait pas par qui ni quand ?…  Le travail était plaisant, mais la société semblait se liguer pour gérer ma vie et m’empêcher de maintenir la tête hors de l’eau. La politique avec  ses gouvernants  et ses opposants, les uns claironnant  de lumineuses  idées, les autres hurlants qu’ils étaient contre ceux qui étaient pour et pour ceux qui étaient contre,  sans approfondir les  sujets.  Les syndicats, hostiles à toutes réformes, d’un immobilisme déconcertant sur le futur étaient très actifs, non pour défendre le camarade ouvrier, mais pour  semer le trouble et la confusion. N’oublions  pas que  je me situais en bas de la chaîne alimentaire. Chaque décision prise par les gouvernants, les patrons ou les syndicats, j’en payais les frais et intérêts directement. Ce n’est pas dur de commander un plat onéreux au restaurant quand c’est  un autre qui paye l’addition. J’ai jeté l’éponge. Cette vie d’usine, de crainte du chômage, de l’arbitraire des chefs, pour un salaire de misère, n’était pas pour moi. « J’aurais voulu être un artiste », mais je n’avais aucun talent particulier. Je me rends à l’évidence, je suis moyen en tout exceptionnel en rien mais ambitieux.

     Je change mes plans de carrière pour entrer dans un « sanctuaire  de valeurs ». Défendre la veuve et l’orphelin me semblait une noble et bonne idée. Le travail  en entreprise étant une valeur surfaite, juste bonne à engraisser certains parvenus je l’abandonne. Quelle désillusion. Je suis entré dans un monde où j’étais entouré de gens de bonne volonté, encadrés par des arrivistes. Encore une fois la réalité ne rejoint pas l’idéologie. La veuve et l’orphelin n’ont qu’à aller se rhabiller. L’objectif est de satisfaire la gloire de seigneurs égocentriques,  nombrilistes et narcissiques, dont la seule ambition est d’atteindre les étoiles  sans entacher leur virginité immaculée. D’où la sacro-sainte devise : « pas de vague », traduit par la formule triviale : « pas de couille pas d’embrouille », ou « vous nagez bien chef !». Nous valsons en plein bal des hypocrites. Le crédo du chefaillon est d’écraser le plus faible et de s’en servir de faire valoir. L’autre caractéristique est la pratique du jeu, pipé,  de la carotte et du bâton. La règle est de faire avancer le petit joueur à coups de sanctions, s’il se montre récalcitrant, où, en le motivant avec de belles illusions.  L’objectif est de le faire avancer jusqu’au bout du supportable, puis de lui insérer  la carotte dans un endroit bien précis mais inavouable de son anatomie. Il s’agit d’un jeu de dupe, de grand menteur ou de stratège.  La finalité est de diriger par la terreur, de faire perdre confiance aux candidats en les conservant dans une zone de crainte perpétuelle d’où il ne se rebellera pas.  J’ai compris là le titre de Stephen KING : « Marches ou crèves ». La veuve et l’orphelin sont enterrés sous le règne de la statistique gérée et déchiffrée par des ignares ; par l’oublie du cœur de métier et par une armée de Dieux, plus puissants et intelligents que Dieu lui-même. J’ai croisé des tas de « manageurs », de responsables en ressources humaines, de gestionnaires,  de statisticiens  qui n’avaient d’autre formation qu’un vague stage militaire les ayants transformés en oracle du genre, mais conservant néanmoins les deux pieds ancrés dans un  militarisme désuet  du siècle passé.  Attention ! Parmi ces seigneurs certains valeureux essaient de faire honnêtement leur métier. Ils sont considérés comme des utopistes, doux rêveurs, par leurs pairs. Ils sont malheureusement broyés, noyés et dissimulés par une légion d’idiots incompétents qui  s’auto-protègent afin d’éviter la mise en évidence de leur insuffisance professionnelle et relationnelle. Je veux quand même souligner que j’ai croisé des tas de gens formidables, des camarades, des officiers, des intervenants extérieurs. (Médecins, magistrats, journalistes, particuliers). J’ai eu de nombreuses mauvaises surprises provenant essentiellement de ma hiérarchie. mAIS j’ai également eu de nombreuses satisfactions de la part de victimes.  J’ai exercé un beau métier mais le danger guettait partout. Les plus vicieux émanaient de l’intérieur même  de l’institution. J’intitulerai ce passage de ma vie : «  La trahison des chefs ».  Je rejoins donc les craintes de mon chapitre premier mais il fallait bien vivre et élever mes enfants. Donc, Cahin-caha, j’ai fait mon petit bonhomme de chemin,  entre gloire et harcèlement pour finalement retrouver une liberté chèrement acquise après trente-cinq ans de bons et loyaux services.

     Durant cette vie la communication a évolué, notamment l’informatique. Internet est apparu et les chaînes de télévision et de radios se sont multipliées. Ce sont de merveilleuses inventions, de très beaux outils. Ils sont néanmoins dévoyés et gangrenés par la fourberie et la bêtise humaine. Pour certain ils provoquent jusqu’à l’abrutissement totale des facultés intellectuelles.  Je pense que médicalement on pourrait parler de « lobotisation par le net ». Nous sommes  passés de la lettre anonyme classique, à la calomnie et aux menaces dans le cyberespace.  Pendant la guerre de 39/45, des « corbeaux » submergeaient les autorités de lettres anonymes provoquant la déportation et l’extermination de millions de personnes. Durant ma vie professionnelle des centaines de courriers de ce type me sont parvenus, dénonçant des voisins pour des délits réels ou  imaginaires, parfois de la médisance pure. L’avènement d’internet a permis à un plus grand nombre de dénoncer, d’insulter, de diffamer et de calomnier. Comme le disait « Michel AUDIARD » : « Ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule ». Cette maxime est aujourd’hui l’étendard d’une kyrielle de bons penseurs. Pas besoins d’être prix Nobel pour parler et surtout être entendu. Un simple ordinateur et une connexion Internet suffit.  Autre citation, je m’excuse pour mes sources, mais Frédéric DART  disait : « On est toujours le con de quelqu’un ».  Une armada de célèbres inconnus  a aujourd’hui tribune libre pour déblatérer. Chaque opinion est disséquée,  livrée, étalée comme de la confiture, étirée comme de la guimauve. Tout un  chacun s’octroyant le droit d’apporter un jugement de valeur sur tout et tous. Je n’avais jamais remarqué le nombre impressionnant  de médecins télégéniques spécialistes du CORONAVIRUS, mais aussi de tout le  reste. Des personnalités politiques de droite, de gauche, du centre, d’en haut, d’en bas, d’extrêmes, d’anonymes célèbres spécialistes à gueules ouvertes, qui critiquent, affirmant tout et son contraire uniquement pour se démarquer et se montrer intéressant. Je crois que l’on dit faire le « buzz ». Seraient-ils  tous devenus politiciens pour exposer tant de stupidités à la minute.

     Tous les jours je découvre des nouveautés plus absurdes les unes que les autres, ouvrants droits à des polémiques stupides voir outrageantes. L’une d’elle c’est d’avoir qualifier une chanteuse, amuseur public, de raciste. Annie CORDY, raciste! Elle a osé chanter « CHO CHO KO LA ». Passez-moi l’expression, mais l’andouille qui a soulevé cette polémique n’a même pas écouté les paroles. Je les ai lues. Pas un mot n’est empreint de racisme. Bien entendu ce n’est ni de la poésie, ni de la littérature, mais uniquement un moment de bonheur ou l’on s’amuse sans porter préjudice à qui que ce soit. Quelques-uns se sont raccrochés aux branches, surtout ceux qui ont  l’esprit mal tourné, en parlant des chorégraphies. Je pense qu’il faut stopper à un moment pour ne pas franchir la frontière entre stupidité et connerie.

    Cet état d’esprit a engendré  chez nous, en France et dans le monde occidental, en plein 21éme siècle, un retour vers le futur. On célèbre la culture en voulant brûler des livres. On pleure la fermeture des théâtres, cinémas  et  salles de spectacles, (merci la COVID)  mais nous n’avons  plus la liberté de rire de tout ou de caricaturer les choses. Dans toutes les farces, il y a une « dinde » ça peut choquer certaines âmes sensibles mais c’est la base du burlesque. Egratigner n’est pas blesser. Soyons prudent, pour ne pas faire mal en outrepassant les limites du respect à autrui. Il ne s’agit que d’intelligence et de civisme.  « On est tous Charlie » est devenu « Il faut tuer Charlie ». Personnellement, je ne suis pas fan de ce journal, donc je ne l’achète pas et ne le lis pas. Il m’est indifférent  mais il a la liberté de publier ce qu’il souhaite. Il a pu choquer ou vexer, mais jamais ses publications ne  justifient la violence et les morts qu’elles ont engendrées. Il tient des propos et propose des caricatures dont il est responsable. S’il est démontré qu’il harcèle, diffame, insulte ou humilie des gens, il doit en rendre compte à la justice. La censure est revenue en force. Elle est plus insidieuse, pire qu’au 19éme siècle. Le plus choquant, c’est qu’elle n’est pas dictée par un gouvernement totalitaire. Elle fait  loi sous la pression de quelques énervés du net qui menacent, crient au scandale et parlent plus fort devant une minorité silencieuse. Walt Disney pleure et s’auto-flagelle ne distribuant plus la belle et le clochard car « raciste ».  Arrêtons d’être idiot en apportant des jugements de valeur sur des faits anodins d’une autre époque. Mes enfants et moi-même avons regardé les dessins animés de Walt Disney. Ils étaient agréables, musicaux et très beaux. D’aucune manière je n’y ai discerné de racisme, même caché. Il y a seulement des intelligents plus qu’intelligent, peut-être des philosophes inconnus cherchant une parcelle de lumière ou de notoriété ou encore des antis trucs, qui ont débusqué « un lapin ». (Walt Disney oblige).  Après ce terne coup d’éclat, de nombreux chiens (Rox) se sont mis à traquer « Rouky » sans savoir ce qu’ils cherchaient mais parce que ça fait aristo-(chats) de supporter  une meute de grands idéologistes.  Restons lucide, aboyeurs, vous ne serez jamais des princesses ou des marquis. Arrêtons de vouloir corriger l’histoire à coup de « on n’est pas gentil, on n’aurai pas dû, on demande pardon ». C’est pourtant simple. Si ça te plait tu regardes. Si ça ne te correspond pas tu vas voir ailleurs. En tous cas n’agites pas de polémiques qui te dépassent sur ton blog, ton  Facebook, ton twitter ou par média interposé qui crie au scoop.  Remarque ! C’est exactement ce que je fais avec cet essai. Je m’accorde le droit de hurler avec les loups. Tu peux réagir sur ce qui se passe aujourd’hui pour la construction de demain mais apprends d’hier. Ne t’inquiète pas. Tout le monde  se fout de ce que tu penses, si tu ne créés pas de scandales.

     C’est ce qui se passe  aujourd’hui avec la jeune poétesse Afro-Américaine Amanda GORMAN. Elle est reconnue dans le monde entier grâce à son talent. Cependant une polémique a vu le jour car en Hollande une maison d’édition a confié  la traduction de ses textes à Marieke LUCAS RIJNEVELD, elle-même écrivaine poétesse mais ayant la singularité d’être blanche. Oh scandale ! Le doublage vocal d’artistes Afro-Américains par des blancs fait également s’enflammer le « Web ». En fait si l’on pousse jusqu’au bout ce raisonnement par l’absurde un gros doit être doublé par un gros, une personne grande blonde aux yeux bleus doit également être doublée par ce même type de personne. Là ça me rappelle vaguement quelque chose… Internet peut faire le bien ou le mal en fonction de la personne qui relaie l’information ou qui l’utilise. Que dire des médias officiels qui ne font plus que de l’information spectacle. Ils n’apportent plus les éléments nécessaires à la compréhension objective de l’évènement. Le but inavoué est de choquer et  de provoquer des « vues » sur des articles qui ne sont  que coquilles vides, présentés par titres racoleurs. Comment se faire une opinion réelle, sans craindre d’être manipulé et conserver une confiance minimum. La défiance générale ou les théories du complot sont vraisemblablement portées par ces phénomènes de mésinformation.

A suivre …